So it begins ( Estebounet)

L’attaque d’épouvantards à Poudlard ? Bien sûr qu’Esteban en avait entendu parler, comment ne pas être au courant ? Ils avaient littéralement envahi toute l’école, sortant d’on ne savait où. Tous les professeurs étaient sur le coup, mais impossible de savoir combien ils étaient. Sitôt un attrapé que deux autres faisaient parler d’eux ailleurs ! Un vrai calvaire.
Esteban en avait déjà affronté un. Il se souvient encore dans l’état qu’il était, incapable de bouger, rempli de sueurs froides, le cœur battant la chamade. En face de lui : un monstre gigantesque recouvert de poils bruns aux pattes griffues : un grizzly. Il ne savait pas d’où venait sa peur pour les ursidés, mais elle était bien là à en juger l’épouvantard. Le jeune homme avait hurlé comme il ne l’avait jamais fait, avait commencé à reculer afin de s’éloigner de cette bête à tout prix. Son cri était parvenu aux oreilles d’un professeur faisant sa ronde non loin de là qui avait aussitôt accouru et aidé le poufsouffle. Sans ce professeur, Esteban ne sait pas ce qu’il aurait fait. Depuis ce jour-ci, le jeune homme restait sur ses gardes, sa baguette toujours à la main. Mais heureusement pour lui, il n’en avait pas croisé depuis.

Pour rassurer les élèves, les professeurs avaient organisé un bal dans la Grande Salle. Pratiquement tout le monde avait trouvé son ou sa cavalière, mais pas Esteban. Oh, on lui avait proposé, mais il avait refusé. Pourquoi ? Le jeune homme ne savait pas. Les filles qui lui avaient demandé ne l’intéressaient pas. Non pas qu’elles soient moches, au contraire. Seulement, il ne voulait pas d’elles. Il semblait exigeant, mais s’en moquait.

Ce soir-là, Esteban était en train de lire sur son lit quand le couvre-feu sonna. Tous les élèves avaient rejoint leurs Salles Communes respectives. Au bout d’un moment, tout le monde avait rejoint son lit. Tous ? Non, c’était bizarre, Ulli, un 7ème année assez discret manquait à l’appel. Au début, le jeune homme pensait qu’il était juste dans la salle de bain. Mais lorsqu’un autre élève en sortit, il se posa des questions. Esteban sortit donc de son lit et alla jeter un coup d’œil à la Salle Commune. Pas de trace de lui non plus. Encore plus étrange. Il s’habilla et sortit dans le couloir sans faire de bruit, en évitant les gens restés en bas. Il avait failli se faire griller, heureusement que ce pot de fleurs se trouvait juste à côté de lui pour se cacher.
Une fois dehors, Esteban commença à appeler le jeune poufsouffle. Armé de sa baguette, il était bien décidé à ne rentrer qu’une fois l’autre garçon trouvé. Pourquoi faisait-il cela alors qu’il ne le connaissait même pas ? Le jeune homme n’en savait rien. Il savait juste que quelque chose n’allait pas, et s’inquiétait pour lui.

Au bout d’un moment, Esteban entendit un cri. Son instinct le poussa à aller voir ce qu’il se passait. Il n’était pas loin, tant mieux pour lui. A son arrivée, il vit pendant une fraction de seconde un gros truc vert rectiligne, puis la seconde d’après, une dame alongée au sol. Près d’elle, une fille et un homme. Ulli. Les deux étaient sous le choc, la jeune fille pleurait, toute tremblante. Ulli, quant à lui, avait le regard fixé sur la dame, la larme à l’œil. C’est au moment où il s’avança près du corps inerte qu’Esteban réalisé ce qui se passait : un épouvantard. Pas encore, pitié…
Le jeune homme hésitait vraiment. Que devait-il faire, aller secourir l’autre poufsouffle ou aller chercher de l’aide et possiblement prendre une retenue pour déambuler dans les couloirs après le couvre-feu ? Esteban savait qu’il allait le regretter à la minute où son corps se précipita pour éloigner Ulli de l’épouvantard.

A peine le poufsouffle mis hors de danger qu’Esteban le regretta encore plus. En effet, le corps inerte commença à se transformer, prenant de plus en plus d’envergure, la peau devenant de plus en plus poilue et marron.

Comment le jeune homme allait-il gérer ça ?

Esteban avait toujours les yeux rivés sur l’immense bête poilue. Sa carrure imposante, son regard bestial, ses griffes acérées, son souffle rauque – sa mauvaise haleine –, autant de signes qui donnaient la chair de poule au jeune homme. Ses yeux ne pouvaient quitter le regard de la bête, et son corps refusait de bouger. Il savait qu’il le devait, à la rigueur se plaquer au sol et se couvrir la nuque, mais son corps refusait de coopérer.

Mais ce n’était pas un ours. Du moins, pas un vrai. Ce n’était qu’un épouvantard qui ne se nourrissait uniquement de ses peurs. Esteban n’avait rien à craindre. La créature ne lui ferait aucun mal. C’est ce qu’il espérait. La dernière fois qu’il s’était retrouvé face à un épouvantard, Esteban avait lâchement fui. Mais pas cette fois. Non, cette fois, il y avait du monde. Il ne pouvait pas s’en aller, pour quoi passerait-il après ? Même s’il n’en avait rien à faire de l’image qu’il renvoyait, une part de lui ne s’en fichait pas complètement.

Il fut tiré de ses pensées par Ulli qui lui criait dans les oreilles. Oui, un Riddikulus. Le seul sort efficace contre les épouvantards. Esteban connaissait ce sort. Mais uniquement en théorie, il n’avait jamais eu l’occasion de s’en servir, et ne comptait pas le faire. Mais là, il n’y avait aucune autre possibilité. Alors, le jeune homme réfléchit à quelque chose. Quelque chose pour rendre l’épouvantard ridicule. En quoi pouvait bien se transformer un ours de plusieurs mètres qui ne faisait pas peur ?

Soudain, une idée lui vint en tête. Esteban avait lu une fois un livre moldu à propos d’un ourson en peluche vivant plein d’aventures avec ses amis, eux-aussi peluches. Quel était son nom déjà ? Et comment était-il ? Après un instant de réflexion, Esteban s’en souvint. Winnie l’ourson. C’était ça ! Un ourson en peluche tout jaune avec un pull rouge adorant manger du miel. Ça pouvait marcher. Ça devait marcher. Il se saisit donc de sa baguette, ferma les yeux pour se concentrer, et cria

RIDDIKULUS !

Esteban avait gardé ses yeux fermés durant tout le processus du Riddikulus. Le grognement de la bête l’avait déstabilisé au début, il avait eu du mal à se concentrer sur ce qu’il voulait obtenir. Puis, l’image était apparue dans son esprit. Un petit ourson tout jaune portant un pull rouge et tenant un pot de miel dans les pattes. Il avait lu une histoire avec ce personnage et d’autres de ses amis vivant dans une forêt lorsqu’il était plus jeune, et était depuis persuadé que ses peluches prenaient vie dès qu’il dormait pour vivre d’extraordinaires aventures. Alors le souvenir de ce petit ourson le fit sourire, et la nostalgie de son enfance lui donna assez de courage pour lancer le sort – ainsi qu’autre chose, mais il ne saurait dire quoi – et resta les yeux fermés pendant quelques temps. Le fait de ne plus entendre le grognement bestial l’avait fait se poser des questions. Avait-il réussi ? Le sort avait-il fonctionné correctement ? Il décida donc d’ouvrir les yeux afin de vérifier, et s’aperçut du résultat. Il avait effectivement réussi ! Esteban n’en croyait pas ses yeux. Le sort avait bel et bien fonctionné, à tel point que le jeune homme voulut s’approcher de l’ourson.

Il fut rattrapé par Ulli avant d'avoir atteint l'ourson et se fit emmener loin de là en vitesse. Le jeune homme lui avait soudainement pris le poignet et s’était enfui loin de la scène de crime. Pourquoi ? Esteban n’en avait aucune idée. Néanmoins, il n’allait pas contredire le jeune homme.
Ulli, effrayé, ouvrit la première porte qu’il vit et s’y engouffra. Esteban, ne voulant pas croiser ce qui avait provoqué cette fuite, s’y aventura aussi et ferma la porte derrière lui. Malheureusement, il se retrouva bien plus emprisonné qu’il ne l’aurait voulu. Pensant avoir atteint une salle de cours, le poufsouffle fut surpris de voir qu’il avait atterri dans un placard à balais. Très étroit qui plus est. Il était littéralement collé à l’autre poufsouffle, et dans une position inconfortable.

Qu’est-ce qui t’a fait courir comme ça ?, demanda Esteban en chuchotant, le souffle coupé par sa position inconfortable.

Il essaya de bouger afin d’être plus à l’aise, mais se retrouva encore plus collé à Ulli. Esteban était très gêné, mais ne saurait dire pourquoi. Il sentait ses joues devenir toutes chaudes. « Je dois sûrement être en train de rougir, et n’en ai absolument aucune idée de pourquoi… » pensa-t-il.

Les joues toujours chaudes et pourpres, Esteban reprit son souffle. Certes la pièce n’était pas spacieuse, mais au moins ils n’étaient que deux. Il pouvait sentir le souffle chaud d’Ulli sur lui, et ce n’était pas ça qui allait désempourprer ses joues. Lorsque celui-ci lui expliqua la raison de cette course, tout prit sens pour Esteban.

- Ah ouais, pas faux. Merci, du coup...

Il vit ensuite le jeune homme plaquer son oreille à la porte. Pendant ce temps-là, le regard d’Esteban se perdit sur Ulli. Sur ses cheveux, à vrai dire. Pourquoi ? Il n’en savait fichtre rien. Il se laissait aller à ses pensées, après tout il n’y avait rien d’autre à faire, ils n’allaient pas papoter alors que quelqu’un n’était sûrement pas loin à leur poursuite ! Alors, il pensa. Il ne distinguait pas trop ses pensées, s’enchaînant les unes aux autres trop rapidement pour s’en souvenir.
Soudainement, quelque chose le fit revenir à la réalité. Qu’était-ce ? Un doigt. Mais pas n’importe quel doigt, celui d’Ulli, posé sur ses lèvres. Bam ! Les joues encore plus rouges ! Il allait finir par inventer une nouvelle teinte de rouge si ça continuait comme ça ! Il comprit vite pourquoi : à en juger par le bruit de pas, quelqu’un arrivait. Alors Esteban se tut. Après tout, il ne voulait pas se faire attraper, c’était la retenue assurée ! Il se tut donc, et attendit. Il en alla même à couper sa respiration pour ne pas que celle-ci ne les trahissent. Et puis, les bruits de pas disparurent. Les deux Poufsouffles restèrent ainsi quelques temps afin de s’assurer que personne ne soit resté devant la porte, guettant que quelque – ou quelque chose – n’en sorte.
Et puis, Ulli se décida à tourner la poignée. Et là surgit un nouveau problème : celle-ci ne voulait pas ouvrir la porte. Décidément, le karma n’était pas de son côté ce soir.

La promiscuité des deux corps dans un si petit espace donnait chaud à Esteban. Il pouvait sentir la sueur commencer à couler sur son dos. Pas top pour essayer de se concentrer. Il essaya de se contorsionner pour enlever son gilet, en vain. Fichus murs qui bloquaient ses mouvements, et fichue porte qui ne voulait pas s’ouvrir ! Mais le jeune homme ne se laissa pas faire. Il continua de se contorsionner tout en faisant attention à ne pas écraser Ulli, ce qui n’était pas chose facile vu la contiguïté. Enfin, après plusieurs essais, le gilet fut enlevé ! Bon, ce n’avait pas un grand impact, mais au moins, il avait une couche en moins sur lui.
Une fois cet exploit accompli, Esteban mit à profit sa logique. Si la porte était fermée, que devait-on faire ? La réponse lui parvint de suite : il fallait lancer un Alohomora ! Dieu merci les cours de Sortilèges le passionnaient. Il se mit donc à éxécution, mais malheureusement, son sort échoua. Déception.
Néanmoins, le jeune homme ne se démotiva pas, et retenta. Après tout, il avait peut-être mal fait le mouvement ! Il s’appliqua donc, faisant bien bouger sa baguette comme le prof lui avait enseigné. Toujours rien. Coup dur pour Esteban. Il se tourna vers Ulli – du moins, façon de parler – :

- Mon sort ne fonctionne pas, tu ne voudrais pas essayer s’il te plaît ?

Après tout, peut-être que l’autre poufsouffle serait plus chanceux ?

Ulli semblait avoir accepté ma demande, vu que je le sentis prendre sa baguette. Je priais intérieurement pour qu’il réussisse, bof envie de rester enfermé dans ce minuscule placard à balai toute la nuit. Et puis si quelqu’un nous surprenait, ce serait si gênant à expliquer… Non, il allait réussir, c’était certain. Il devait réussir.

Et c’est ce qu’il s’est passé ! Son sort a fonctionné ! On s’est précipités à l’extérieur de cet endroit clos, et la première chose que j’ai fait était de m’étirer. Je sentis toutes mes côtes craquer, et bon sang que ça faisait du bien. Pourtant on n’était pas restés si longtemps enfermés que ça, mais on était si serré que ça m’avais paru des heures ! Autant j’aimais bien ce Ulli – bien que je ne sache rien à son sujet –, il avait l’air très gentil et adorable, mais je préférais quand même être à l’air libre. Pouvoir rebouger comme je le voulais, ne pas être collé à quelqu’un, c’était génial !

Mais maintenant que nous étions libres, je ne savais plus quoi faire. Notre péripétie m’avait bien réveillé, je ne me sentais pas d’aller me coucher maintenant. Mais d’un autre côté, si Ulli allait se coucher, je ne me sentirais pas non plus de sortir seul, ma rencontre avec l’épouvantard m’avait bien trop fait peur tout à l’heure, je ne pensais pas pouvoir m’en sortir seul si jamais j’en croisais un autre… Que faire ?
Après avoir réfléchi pendant de longues minutes, j’ai finalement trouvé ma solution : j’allais demander à Ulli s’il voulait se promener avec moi. Si oui, tant mieux, sinon, je rentre au dortoir. Je préfère m’ennuyer dans le dortoir à la recherche du sommeil plus tôt que me promener seul à la merci soit des épouvantards, soit d’un prof qui passerait par là et me collerait pour avoir dépassé le couvre-feu...

- Dis..., bégayais-je, peu sûr de moi, ça te dit de… de venir avec moi un peu dehors ? Fin je veux dire, on a déjà passé le couvre-feu depuis longtemps, donc bon...

Pourquoi avais-je eu autant de mal à lui demander ça ? Je me sentais super gêné, et je pouvais sentir mes joues rougir, encore. Qu’est-ce qui clochait ?